Interview

QUE SERAIT LE CINÉMA SANS LE SON ?

Si l’image captive, le son quand à lui créer une atmosphère immersive.

Au cinéma, il existe trois catégories de son : Les bruits, les paroles et la musique. Ce trio a pour mission de rendre plus vivant les images dans les films. Passionné par le son et le cinéma, Abraham KAMARA a commencé sa carrière dans l’ingénierie son en 2017, après avoir terminé ses études au conservatoire des arts et des métiers multimédia Balla Fasseke Kouyate.

Pourquoi ce choix de carrière ? Existe-t-il des difficultés liés à l’exercice du métier d’ingénieur son ? La réponse c’est dans cet entretien.

• Parle-nous du métier d’ingénieur son ?

C’est un métier complexe qui nécessite beaucoup de techniques. L’équivalent du directeur de la photographie, l’ingénieur son s’occupe de l’aspect audio du film avec l’aide des perchistes et des bruiteurs.

Si le directeur photo s’occupe de la lumière sur le plateau, l’ingénieur son contribue à l’amélioration de la qualité sonore des productions cinématographiques .

Pourquoi ce choix de carrière ?

Le son represente un facteur d’épanouissement dans ma vie. Je me suis intéressé à la production musicale (la composition, la prise de voix et le mixage audio) vers 2010-2011 quand j’étais encore au lycée. De passe temps, le son est devenu un bouée de sauvetage pour moi.

Ainsi je me suis lancé en 2014 dans l’aventure du conservatoire Balla Fasseke Kouyate afin d’approfondir mes connaissances dans le domaine du son, de l’audiovisuel, du cinéma et vivre de ma passion. J’ai choisi cette carrière parceque le son reflète la vie et sans son il n’y a pas de vie.

Existe-t-il des difficultés liés à l’exercice du métier d’ingénieur son ?

Au Mali, le métier d’ingénieur son fait face à de nombreuses difficultés: le manque d’équipement professionnel, les budgets limités pour la post-production audio, le manque d’accès à des formations spécialisées et parfois des infrastructures inadaptées pour l’enregistrement et le mixage audio, tant de choses qui ne nous font pas honneur.

Et que dire de l’environnement bruyant de la ville de Bamako, des défis peuvent qui affecter la qualité sonore des films et limiter les possibilités de développement professionnel pour les ingénieurs son locaux.

Comme chaque métier, nous supposons qu’au delà des défis rencontrés, cette carrière professionnelle offre des opportunités. Quelles peuvent être ses opportunités ?

Effectivement, en tant qu’ingénieur son, nous avons beaucoup d’opportunités de travailler. Travailler dans un contexte cinématographique moins conventionnel nous(ingénieur son malien) permet de développer notre créativité, de travailler sur d’autres types de projets audiovisuels (documentaires, émissions de télévision, vidéos promotionnelles, etc) et nous offre l’occasion de collaborer avec d’autres professionnels du cinéma, ce qui peut favoriser le développement de relations professionnelles et de partenariats bénéfiques pour notre carrière.

Pouvez-vous nous présenter les films phares de votre bibliothèque filmographique ?

Ma carrière professionnelle en tant qu’ingenieur son cinéma a commencé en fin 2017 avec le court métrage  » Oumou un destin arraché  » de Vortexgroups et Plan international réalisé par Bassekou Gaoussou TANGARA.

En mars 2018, j’ai assisté l’ingénieur son marocain Hamza Ubi sur la série  » taxi tigui » et la série  » Coco » de Banko production. D’ Avril à décembre 2018, j’ai travaillé entant que preneur son, mixeur audio et compositeur musical sur le film long métrage  »Policikè » de Toumani TSK KEÏTA une production Vortexgroups.

En février 2019, j’ai fait le mixage son du film documentaire  » Djamu duman » de Salif TRAORÉ, un film qui remporte le prix UEMOA au Fespaco 2019. Dans le même période j’ai joué le rôle de Sound designer sur le film d’animation de Issouf BAH ‘‘Village apaisé’ lauréat au Silicon Valley African film Festival en Californie aux États-Unis d’Amérique. J’ai fait le mixage et la composition des bandes sonores du long métrage ‘‘Balkissa, les démons de minuit’’ avec Afribone réalisé par Aïda Mady DIALLO en Mars 2019.

En Juillet du même année, j’ai fait la prise de son, le mixage et la composition de la bande sonore d’un film d’étudiants ’’Le secret’’ de Amadou DIABAGATÉ élu meilleur film d’étudiants durant le Festival TUKUNTCHI au Niger.

Entre Novembre 2019 et décembre 2020, j’ai travaillé sur le mixage, la composition de la bande sonore du long métrage ‘‘Afro star 22’’ de Aboubacar GAKOU, j’ai été ingénieur son plateau sur le court métrage ‘’GWACOULOU’’ de Moïse TOGO, et ingénieur son sur le court métrage ‘’GARIBOU’’ de Seydou CISSÉ.

En 2021, j’ai été Sound designer sur le film d’animation 3D ‘’Le champ de Zozaniba’’ de Gaoussou TANGARA, fait la prise de son, le mixage et la composition de la bande sonore de la série ‘’Tailleur ke’’ une production de vortex groups, j’ai travaillé sur le mixage et la composition de la bande sonore d’un film docu-fiction ‘’Yéféké’’ du CNCM réalisé par Mr Salif TRAORÉ.

2022 fut marquée par la prise de son de la série ‘’Zilè’’ de Infinitee studio, le mixage et le mastering du film ‘‘Kulekan’’ de Golden Light, pour finir le mixage et le mastering du film documentaire ‘’le silence des origines’’ de Fatoumata Tioye COULIBALY.

2023 fut une année remplie notamment avec le mixage et le mastering du film ‘‘Tilé’’ réalisé par Madougue DIABATÉ, le mixage et mastering du film ‘‘La révolte 1960’’ de Toumani TSK KEÏTA, la réalisation, la prise de son et le montage de la serie radiophonique podcast ‘‘HEREMAKONO BARONI’’ de l’ONG RAES, l’enregistrement de la bande sonore musicale et la voix off de leur serie ‘‘An ga lamaka’’ produit par BANDIA Production, la prise de son, le mixage, la composition de la bande musicale et le mastering du long métrage ‘‘Mal profond’’ du groupe Global Talent réalisé par Yaya FOMBA et Mahadi DIOUARA.

La dernière série sur laquelle j’ai travaillé en tant d’ingénieur son est la série  » Krika  » de Infinité studio réalisé par Bocary TIOULENTA.

À votre avis que sera le cinéma sans le son ?

Le son represente 60% d’un œuvre cinématographique et les images comblent les 40% restant.

Un film sans aucun son est difficile à regarder et il est surtout difficile de se concentrer sur le film tandis qu’un film uniquement composé de son est bien plus agréable à suivre et à s’immerger.

Sans le son l’image sera fade, sans saveur et personne n’aurait alors envie d’aller au cinéma.

Avec à son actif une panoplie de film et une expertise sans pareil, Abraham KAMARA fait partie de ses hommes et femmes qui contribuent à la préservation et la promotion de la culture maliennes à travers le cinéma.

Plus que de simple paroles, de bruitages ou de musiques, le son est un élément indispensable dans le cinéma, un élément qui mérite d’être considéré.

Natiengueba Diarra

JOURNAL DU CINÉMA ET DE LA TÉLÉVISION

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