LE MONTAGE CINÉMATOGRAPHIQUE : UN MÉTIER DE L’OMBRE

Touts les talents ne brillent pas dans la lumière, il y en a qui rayonnent dans l’ombre.

La réalisation d’un film est un processus complexe qui se divise en plusieurs phases, dont la post-production occupe une place primordiale. Parmi les nombreux acteurs de cette étape cruciale, les monteurs jouent un rôle essentiel dans la construction et la finalisation de la vidéo. Dans cette interview, nous allons vous plonger dans l’univers du montage cinématographique et découvrir le travail passionnant de Souleymane KONATÉ, chef monteur au Centre National de la Cinématographie du Mali (CNCM).

▪︎Parlez-nous de votre quotidien en tant que chef monteur du centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) ?

Le quotidien d’un chef monteur du CNCM est comme celui de n’importe quel autre travailleur à la différence que lorsqu’il y a un projet en cours, les horaires du monteur deviennent flexibles et chargés.

Nous pouvons commencer un travail la journée et le continuer jusqu’à épuisement, la priorité devient en ce moment le projet et le deadline.

▪︎Le monteur étant un artiste dans l’industrie cinématographique, quel rôle joue-il dans le processus de création d’un film ?

Le monteur tout comme l’étalonneur, le cadreur, le directeur photo et tous ceux qui interviennent dans le cadre de la création d’une œuvre cinématographique sont des artiste à part entière.

Nous travaillons tous sous la supervision du réalisateur qui est le chef d’orchestre. Pour revenir au Montage de film, être monteur ne se résume pas seulement à couper et coller des séquences.

C’est un métier qui requiert une solide maîtrise technique c’est un travail de création. Notre boulot n’est pas facile et il dépend fortement de ce que l’on nous amène dans le studio de montage.

Le monteur doit avoir des compétences en communication et des compétences pour détecter les problèmes/incohérences de l’histoire et/ou de la réalisation afin de proposer au réalisateur des solutions à ces problèmes.

▪︎Pourquoi la post-production d’un film est-elle souvent plus coûteuse que les autres ?

Plusieurs facteurs peuvent intervenir dans le coût de post-production d’un film, notamment la location des studios : le montage, l’étalonnage, le mixage et aussi les salaires des techniciens.

Les dépenses en post-production d’un film, pour la plus part des cas, dépend du type de film et des ambitions de la production. Exemple : un film avec plein de trucages et d’effets visuels est aussi dispendieux que lorsque la production exige l’intervention de certaines sommités pour la musique du film et pour les autres étapes de la post-production.

Au-delà de tous ces aspects, la post-production est la dernière écriture d’un film, passé cette étape, c’est le public qui le jugera en salle. Dans ce cas, si le film y va avec des insuffisances c’est une perte probable pour le producteur donc on ne lésine pas sur les moyens pour améliorer les chances de succès du film auprès du public.

▪︎Que pensez-vous de la qualité des productions cinématographiques Maliennes ?

La qualité de nos productions s’améliore et celà est encourageant. J’ai constaté des améliorations au niveau des images, des cadres et des lumières dans les récents films. Des efforts doivent se faire au niveau de l’histoire/du scénario, nos scénaristes doivent tenir compte des règles de l’écriture de scénario et des différentes phases de l’évolution de l’histoire.

En ce qui concerne le montage de nos films, il y a beaucoup à faire, les monteurs doivent se former, avoir des échanges honnête entre professionnels et une certaines ouverture d’esprit.

Je reste tout de même optimiste car grâce à la curiosité et à la soif d’apprentissage de nos jeunes, dans un future proche, le cinéma malien sera une référence dans la sous-région.

▪︎Le montage de quel film africain vous a particulièrement marqué ? Et pour quelle raison ?

Le film africain qui pour moi garde l’intemporel du « BEAU » sur tous les plans est Yeleen du doyen Souleymane CISSE. Son montage est très dynamique et contient presque toute la grammaire de base du montage de film. Le récit de l’histoire est simple claire et accessible. Les trucages sont sobres, modestes et réalistes. Dans un avenir proche, le film « YELEEN » sera enseigné dans les écoles de cinéma.

Souleymane KONATÉ, chef monteur au CNCM, est un véritable artiste de l’ombre, qui consacre 65% de son temps à son travail, passant des nuits blanches pour peaufiner chaque détail et garantir un résultat final à la hauteur des attentes.

Plus qu’une simple assemblage de séquences, le montage est un terrain de jeu pour la créativité. Les monteurs façonnent l’histoire, créent des atmosphères uniques et donnent une identité visuelle au film.

Natiengueba DIARRA

Journal de la télévision et du cinéma

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*