Critique

PREACHER : LA SERIE QUI NOUS FAIT DOUTER DE NOTRE FOI

Les cinéastes du monde entier ont toujours été fascinés par l’univers des comics/bandes dessinées, à l’image de Batman, Spiderman, Flash ou tout simplement l’univers Marvel.

Adaptée des comics de Steve Dillon et Garth Ennis, réalisé par Seth Rogen, Evan Goldberg et Sam Catlin, Preacher est une série américaine de quatre (4) saisons dont 43 épisodes en tout et avec une durée de 42 minutes diffusée de 2016 à 2019. Cet étrange mélange de débauche, de sacrilège, de grotesque et de folie, je l’ai découvert en 2023 sur Netflix, un gros coup de cœur et une série qui  fait réfléchir.

Avec comme tête d’affiche les acteurs Dominic Cooper qui interprète Jesse Custer, le prédicateur maudit, aussi charismatique qu’un serpent à sonnette, Ruth Negga incarnant Tulip O’Hare, femme fatale au passé trouble maniant les armes comme une pro, Joe Gilgun jouant le rôle de Cassidy, le vampire alcoolique (vous avez bien lu, un vampire, pourquoi pas ?) et Lucy Griffiths qui incarne Emily Woodrow le bras droit de Jesse.

Série de type surnaturel, aventure, drame, comédie noire et horreur, Preacher est une explosion de cocktail où la religion, la violence et l’humour noir se mélangent dans un tourbillon infernal. L’intrigue, elle est aussi tordue qu’un nœud de corde, remplie de rebondissements et d’action, avec une bonne dose d’humour noir. Les thèmes abordés, tels que la religion, la moralité et la quête de soi, sont explorés de manière intelligente et provocante.

Les scènes d’action sont explosives, les performances convaincantes, les personnages mémorables, les effets spéciaux époustouflants et les dialogues tranchants comme un scalpel. Des moments de répit ? Il n’y en a très peu. La série vous met sur un constant qui-vive, attendant la prochaine révélation choquante ou le prochain coup de poing dans le visage.

Parlant de l’esthétique, visuellement Preacher est saisissante, avec des mises en scène inventifs, des décors sombres, crasseux et parfois décadents nous offrant un univers visuel unique et immersif. On se croirait dans un cauchemar de Hieronymus Bosch, avec des démons qui jouent au poker et des anges qui fument des cigarettes. Les couleurs sont saturées, les contrastes sont forts, et l’ensemble respire la folie.

Mais attention, Preacher n’est pas pour les âmes sensibles, si vous êtes du genre à prier avant chaque repas, cette série vous poussera à remettre en question votre moralité, votre santé mentale, vos convictions, votre foi : “Qu’est-ce que la foi ? Et qu’est-ce que je suis prêt à sacrifier pour elle ?” Et elle vous poussera à explorer les coins/recoins les plus sombres de votre âme.

Si certains fans de la bande dessinée/Comics ont noté quelques différences par rapport à l’histoire originale, pour moi cela n’enlève rien au plaisir de regarder la série. L’adaptation d’une œuvre n’est pas nécessairement une reproduction fidèle des faits des comics. Les réalisateurs ont la liberté de s’écarter du matériaux source pour créer une expérience cinématographique unique. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié la série. Par moments, j’ai même ressenti de la sympathie pour le personnage d’Eugene Edward Roott /Arseface, interprété par Ian Colletti. Pour ma part, sa complexité aurait pu justifier un pardon, mais bien sûr, cela reste une opinion personnelle.

Preacher est une série à la fois irrespectueux envers les croyants et profondément réfléchie sur le sens de la vie, de la religion, voire même sur Dieu, l’amitié et l’amour. Si l’intrigue a trop de temps à se mettre en place, elle a gardé l’équilibre et le rythme, la quatrième et dernière saison de Preacher a su conclure la série avec un panache magistral.

Prêt à plonger dans l’abîme de la dépravation, à affronter vos démons intérieurs et à vous laisser emporter par la folie ?

Natiengueba DIARRA

Journal de la télévision et du cinéma

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