Interview

LE FAIC SOUTIENT L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE MALIENNE

Réaliser un film sans financement est assimilé à la préparation de riz sans eau.

Dans le but de soutenir financièrement les projets cinématographiques, le Mali a instauré le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique (FAIC). Ce fonds a-t-il répondu aux attentes des professionnels du cinéma ? A-t-il contribué au développement de l’industrie cinématographique ? Les réponses seront fournies dans cette entrevue avec Monsieur Bréma Moussa KONE, directeur du FAIC.

▪︎Quel est le rôle et le statut du Fonds d’appui à l’industrie cinématographique ?

Le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique a été créé en vertu de la loi 068 du 18 décembre 2017 et est devenu opérationnel en 2019. Il s’agit d’un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Sa mission principale est de soutenir la production cinématographique en apportant un appui financier aux œuvres cinématographiques.

▪︎Y a-t-il une collaboration entre le Centre national de la cinématographie du Mali et le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique ?

Oui, ces deux structures travaillent en étroite collaboration dans le domaine du cinéma. Le FAIC peut financer des projets présentés par le CNCM, que ce soit pour la construction de salles de cinéma ou l’acquisition d’équipement cinématographique. Le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique n’est pas un producteur de films, mais il soutient les œuvres cinématographiques en leur fournissant les ressources nécessaires.

▪︎A presque 5 ans d’existence, quel bilan positif peut-on tirer du Fonds d’appui à l’industrie cinématographique du Mali ?

De 2019 à nos jours, le montant des subventions du FAIC n’a pas dépassé les 100 millions de francs CFA. Sur ces 100 millions, une partie est affectée à d’autres besoins liés au fonctionnement du Fond. Ainsi, la portion réservée à la promotion cinématographique se situe autour de 50 à 60 millions de francs CFA, soit environ la moitié de la subvention totale.

Cela a permis en 2020 de lancer un appel à projets financé à hauteur de 40 millions de francs CFA, soutenant 13 projets sur les 15 présentés. En 2021, malgré une réduction des ressources dues au contexte économique du pays, 5 à 6 projets ont été financés à hauteur de 20 millions de francs CFA. De plus, le Fonds a contribué financièrement à l’organisation du FESPACO en 2022 avec un soutien de 10 millions de francs CFA. Une implication qui vise à renforcer la visibilité du Mali dans le domaine cinématographique à travers des partenariats internationaux.

▪︎Après les appels à projets pour la production, le développement de scénarios et la post-production, pourquoi les financements pour les œuvres cinématographiques (FEDS) ont-ils du mal à se concrétiser ?

La difficulté à mobiliser les ressources nécessaires s’explique par le fait que le FAIC devrait disposer d’une source pérenne de financement. Malgré une dotation initiale de 6 milliards, celle-ci n’a pas encore été entièrement utilisée. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, mais le Fond travaille activement pour mettre en place une redevance cinématographique impliquant diverses structures, pour pérenniser le financement du cinéma au Mali.

▪︎Quels sont les moyens que vous avez mis en être pour couvrir ce redevance ?

En prenant l’exemple du secteur de la téléphonie, une collaboration avec les opérateurs pourrait potentiellement générer jusqu’à 10 milliards de francs par an en taxes ou en contributions afin de renforcer les capacités du FAIC à soutenir le cinéma et à devenir plus indépendants des subventions de l’État. Ces efforts ont également inclus des formations d’écritures pour les cinéastes et des séances de sensibilisation pour mobiliser les ressources nécessaires, tout en cherchant à obtenir le soutien promis par le gouvernement.

▪︎ Le vendredi 22 mars 2024, vous avez tenu un Conseil d’administration avec le ministre de la Culture et de l’Artisanat, quel était l’ordre du jour ?

En 2022, nous avons eu l’occasion d’échanger avec le Premier ministre pour comprendre les obstacles rencontrés dans la mobilisation de ces fonds. Bien que des promesses aient été faites, nous sommes encore en attente de voir des résultats concrets. Cette fois-ci le ministre de la culture de l’artisanat dit qu’il va privilégier le financement du cinéma, des mots d’encouragement pour aller dans le sens de la promotion du septième art. Raison pour laquelle chaque petite avancée, comme l’équipement de notre bureau, contribue à promouvoir le cinéma au Mali en nous permettant de travailler dans des conditions optimales.

Le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique du Mali soutient des projets cinématographiques pour renforcer la visibilité du Mali dans le domaine du cinéma et ceux malgré des défis financiers. Les collaborations avec le Centre national de la cinématographie et les efforts pour établir une redevance cinématographique durable montrent l’engagement du FAIC envers sa mission. Il devient donc crucial pour nous citoyens de soutenir ces initiatives pour le développement continu de l’industrie cinématographique malienne.

Natiengueba Diarra

JOURNAL DU CINÉMA ET DE LA TÉLÉVISION

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