Lorsqu’il sort en 1978, Baara de Souleymane Cissé s’impose immédiatement comme un jalon essentiel du cinéma africain engagé. Véritable témoignage des luttes ouvrières maliennes dans un contexte postcolonial, le film ne se contente pas d’être un simple reflet de son époque, il est aussi une mise en garde intemporelle contre les inégalités sociales et économiques.
Baara, qui signifie « travail » en bambara, suit la vie de Balla, un jeune ouvrier urbain pris dans les rouages d’un système oppressif. À travers son parcours, le film aborde les inégalités économiques, la corruption, et l’exploitation, des thèmes qui résonnent encore profondément dans le Mali contemporain.
Avec en tête d’affiche Ismaïla SAAR dans le rôle de Balla, l’iconique acteur malien Balla Moussa KEITA dans le rôle d’un patron d’entreprise sans oublié les autres acteurs du film, le casting de Baara mérite une attention particulière pour la capacité des acteurs à incarner le réalisme et l’authenticité des luttes sociales contribuant à l’impact brut et sans artifice du film.
Le film « Baara » m’a particulièrement marque en ce sens que le réalisateur Souleymane Cissé a transformé une histoire locale malienne en une parabole universelle. Cissé ne s’est pas limité à illustrer le travail en tant qu’une simple activité économique, il l’a humanisé faisant du travail un symbole de dignité humaine, de résistance et surtout d’espoir le tout en évitant les caricatures simplistes et idéalisés.
Alors que le Mali évolue, les questions : Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour garantir l’équité ? Quelle place accordons-nous aux travailleurs dans nos modèles de développement ? Des questions soulevées dans le film, près de cinq décennies après sa sortie, restent des sujets d’actualités.
Documentation d’une époque révolue, Baara invite chaque téléspectateur, qu’il soit ouvrier, dirigeant ou simple citoyen, à réfléchir sur sa place dans le combat pour une société équitable.
Au-delà de l’aspect cinématographique, Baara est un cri de solidarité et un rappel de la dignité humaine.
Natiengueba DIARRA
Journal du Cinéma et de la Télévision
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