
Den Muso, un film dramatique, avant-gardiste, c’est-à-dire en avance sur son temps, d’un cinéaste qui, dès son premier long-métrage tourné en 1975, plaque son empreinte avec un sujet tout universel, qui est la place de la femme dans la société, un sujet qui fait débat et qui continue toujours à le faire, comme nous le voyons en Iran.
L’héroïne du film Ténin muète à la peau d’ébène profite de la vie malgré son handicap, Souleymane nous le montre bien lors de la séquence où Ténin est au cinéma, assise au milieu d’une foule de spectateurs entendants, seule dans son cinéma muet, car elle est muette. Tenin, le regard vif et concentré, se sent peut-être dans une cour du soir selon les dires de Sembène Ousmane. Sans un mot, elle encaisse tout. Le réalisateur nous montre son génie en ne montrant les émotions de l’actrice principale qu’à travers seulement l’image.
Un travail réussi de sa part après un deuxième coup, car le tournage avait été repris une deuxième fois, les rushes du premier tournage, au labo à Paris, étaient tous noirs. Donc, il fallait tout reprendre, ce qui montre l’amour inconditionnel d’un homme pour sa passion. Le tournage fut repris avec l’aide de ses compagnons, surtout de ses acteurs fétiches tels qu’Ismael Sarr et Balla Moussa Keita, ce dernier qui a donné plus de magnificence à son personnage dans le film comme s’il avait été taillé sur mesure pour lui.




Le duel entre Malamine Diaby dans son bureau, joué par Balla Moussa Keita, et le jeune Sekou qui présente sa démission au patron. La naissance d’une rivalité. Une scène qui pointe du doigt le capitalisme, cette violence économique. La suite de la scène se trouve entre la discussion du jeune homme avec son père qui lui reproche d’avoir quitté son travail, sachant bien qu’il est le seul source de revenus de la famille. Sekou, rebelle, rigoureux, le syndicaliste de l’émancipation fut rattrapé par l’incertitude et l’insoucience de la vie.
L’histoire n’est pas encore finie. Tenin, la fille de Malamine Diaby, le propriétaire de l’usine, tombera amoureux de Sekou, l’ex employé de son père, qui l’enceintera d’ailleurs. C’est un film plein de suspense. Que dira Malamine Diaby en sachant cela ? Sa seule et unique enfant, son seul espoir…
Un film à redécouvrir sur les grands écrans pour le bonheur des cinéphiles. Den Musso, un des premiers films intemporels du réalisateur malien Souleymane Cissé, fait en 1975 et dont le sujet résonne comme un gong en 2024.
Malick SANGARÉ
Journal du Cinéma et de la Télévision
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