Enseignant-chercheur, acteur, comédien et metteur en scène, Abdoulaye MANGANÉ est une figure malienne connue pour son engagement pour un cinéma porteur de messages.
Dans cet entretien, l’acteur revient sur son parcours en nous livrant des réflexions profondes sur l’art, la société et l’avenir du cinéma africain.
JOURNAL DU CINÉMA ET DE LA TÉLÉVISION : Dans « Voix du Mali », vous incarnez un politicien véreux. Comment avez-vous abordé ce rôle pour le rendre crédible et authentique ?
ABDOULAYE MANGANÉ : En plus d’être un observateur de la société dans son entièreté, un acteur est aussi un sujet social. C’est pour cette raison que nous pouvons incarner plusieurs rôles différents.
Chez nous, il existe des politiciens arrivistes, qui font de la politique pour se servir, sans aucune vision ni ambition pour le développement du pays. Je me suis imprégné de ces personnes pour incarner ce rôle dans « La Voix du Mali ».
JCT : Quels aspects de votre personnage dans « Rêve de Dieu » ont été les plus difficiles à interpréter, et comment vous êtes-vous préparé pour ces scènes ?
A. M. : Rêve de Dieu est un projet qui, selon moi, marquera l’histoire du cinéma africain. Les thématiques abordées sont profondes, et leur traitement est d’une élégance rare.
Certains sujets étant sensibles, il a fallu les évoquer avec subtilité, ce qui n’était pas toujours évident. Un autre défi était de porter le premier rôle aux côtés de grands noms du cinéma africain contemporain. Cela exigeait une préparation rigoureuse et un investissement personnel total.
JCT : Quelles ont été les réactions du public à vos performances, et en quoi cela influence-t-il votre manière de choisir vos futurs projets ?
A. M. : Quand Le Voile secret de Fousseyni Maïga est sorti, il a enregistré quatre guichets fermés la même soirée. Cela montre que le public apprécie et soutient notre travail, et nous leur en sommes reconnaissants.
Malgré les crises multidimensionnelle, il existe encore de talentueux artistes (réalisateur, scénariste, acteur etc) au Mali, des artistes qui innovent et brillent ici comme à l’international. Celà me réconforter grandement dans le choix des projets.
JCT : En tant qu’acteur, comment conciliez-vous votre art avec la responsabilité de représenter des problèmes sociaux complexes, comme la corruption et la foi ?
A. M. : La foi, lorsqu’elle est fondée sur la connaissance et la conscience, peut nous rendre vertueux. Elle apporte sagesse et paix intérieure. À l’inverse, la corruption est un vice qui détruit l’économie d’un pays. Il est impossible de concilier foi et corruption.
À travers l’art, nous reflétons la société telle qu’elle est, pour qu’elle prenne conscience des changements nécessaires. Les téléspectateurs devraient donc comprendre que je joue un personnage dans les films, les rôles que j’interprète ne définissent pas forcément ma personnalité.
JCT : Quel est le message derrière vos interprétations cinématographiques ?
A. M. : Le message que nous voulons transmettre à travers le cinéma, c’est une expression sincère de notre identité. Nous montrons nos réalités, notre histoire, nos défis et enjeux, tout en célébrant nos paysages et nos valeurs humaines, maliennes et universelles.
Au delà de sa carrière d’enseignement au conservatoire Balla Fasseké, Abdoulaye MANGANÉ est un homme de culture profondément ancré dans une logique de paix et de développement continuelle pour la future génération.
Malick SANGARÉ
Journal du Cinéma et de la Télévision
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