les coulisses de l’histoire : Michel Sangaré, L’étoile qui NE S’ÉTEINT PAS

Comédien, bâtisseur, visionnaire et enseignant, Michel SANGARÉ a fait du théâtre un tremplin pour réinventer le cinéma, inspirant une nouvelle génération d’artistes.

Figure majeure de la culture malienne, celà fait aujourd’hui six (6) ans et deux (2) jours que Michel Sangaré a disparue. Mais sa lumière ne faiblit pas car ses œuvres continuent de captiver.

C’est sur une scène modeste d’un théâtre de quartier que Sangaré fait ses premiers pas comme comédien amateur à la fin des années 1970, fascinant le public par sa prestance et son jeu scénique, le tout en le transportant dans une autre réalité. Ce moment, bien qu’insignifiant pour certain, marque le début d’une carrière que personne n’imaginait.

Conteur, mais pas seulement, notre Tonton Michel était un architecte de récits, construisant des ponts entre les générations, les traditions et les disciplines artistiques.

Une passion née des planches

Ce n’est pas un hasard si Michel Sangaré a commencé sa carrière sur les planches. Pour lui, le théâtre était la source de tout. « Le théâtre est une vérité nue, il n’y a pas de caméra pour cacher les failles, pas de montage pour corriger les erreurs » confia t-il à un collègue de son vivant.

Si le théâtre était sa racine, le cinéma était son envol. Michel Sangaré voyait le grand écran comme une opportunité de porter les récits africains au-delà des frontières. Sa formation théâtrale a enrichi ses performances dans des films comme « Guimba le tyran » de Cheick Oumar Sissoko et « Tafé Fanga » d’Adama Drabo.

Ceux de ma génération l’on découvert dans la série théâtrale « Badjènè » de Ousmane SOW, où il a interprété avec succès le rôle de Baron. Au delà de la simple déclamation de texte, le comédien apportait une profondeur émotionnelle et une maîtrise du geste dans chacun de ses rôles. « Michel jouait avec son âme », se souvient Habib Dembélé, son collaborateur de longue date. Ce lien entre le théâtre et le cinéma, Sangaré l’a cultivé toute sa vie, créant une passerelle entre deux mondes souvent cloisonnés.

Une vie marquée par l’engagement

Loin d’être un solitaire, Baron était un homme de rencontres et de collaborations. Avec Habib Dembélé et le cinéaste Ousmane Sow, il fonde la troupe « Tam Spectacle » et « Gwa Kulu », qui mêle théâtre et cinéma dans une dynamique innovante. Ensemble, ils créent des œuvres qui questionnent la société malienne tout en divertissant.

Au-delà de sa carrière artistique, ce figure culturel qu’est Michel était profondément engagé dans la transmission. Enseignant à l’INA et à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), fondateur de la Troupe Nationale des Marionnettes, il a formé des générations d’artistes, leur inculquant non seulement les techniques du jeu, mais aussi une éthique du travail et une passion pour les récits authentiques. « Michel n’était pas seulement un professeur, il était un guide », témoigne un de ses anciens élèves sur Facebook.

La carrière de Sangaré ne peut être dissociée de son engagement pour la modernisation du théâtre malien. Pour lui, les arts de la scène devaient être un miroir de la société, un espace de réflexion et de dialogue. Cet engagement transparaît dans ses choix de rôles, ses créations de troupes et ses enseignements.

Mais cet engagement avait un coût. « Il donnait tout, parfois au détriment de sa propre santé », se souvient un proche. Le 21 Janvier 2019, après un long combat contre la maladie, Michel Sangaré s’éteint à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako, à l’âge de 60 ans.

Plus qu’un acteur, il était un pilier, une institution. Michel incarnait une vision : le théâtre et le cinéma ne sont pas deux mondes séparés, mais des formes d’expression complémentaires : « Le théâtre est l’école du comédien, mais le cinéma permet de raconter des histoires qui voyagent au-delà des frontières » disait-il souvent.

Au-delà des scènes et des écrans, son héritage réside dans chaque artiste qu’il a inspiré, dans chaque spectateur qu’il a touché, et dans l’idée qu’un récit, aussi local soit-il, peut avoir une portée universelle.

Michel Sangaré n’est plus, mais son étoile continue de guider ceux qui, comme lui, croient au pouvoir des histoires pour changer le monde d’où l’expression « une étoile ne s’éteint jamais ».

Natiengueba DIARRA

Journal du Cinéma et de la Télévision

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