
Les jeunes maliens s’intéresse de plus en plus au monde de l’animation, l’œuvre « Bilichi » le démontre en étant sélectionné au FESPACO cette année.
Le jeune réalisateur malien Mahamet Koné est aller à la conquête du FESPACO 2025 avec son court-métrage d’animation « Bilichi », sélectionné pour la compétition officielle. Ce film, inspiré des « Manna », légendes populaires riches en enseignements, propose une réflexion profonde sur l’endoctrinement et l’importance du dialogue pour atteindre la paix et la justice.
Bilichi, une légende revisitée
L’idée de « Bilichi » est née de l’écoute attentive des contes et récits traditionnels qui rythment l’histoire orale africaine. Selon Mahamet Koné, Bilichi est souvent mal compris par la société, tandis que Bakary, influencé par les normes sociales, l’attaque sans réelle preuve de ses actes. Une dualité qui a inspiré le cinéaste à explorer tous les points de vue pour mieux illustrer les dangers de l’endoctrinement et la nécessité du vivre-ensemble.
« Je veux que le public comprenne que, malgré l’endoctrinement de Bakary, il se bat pour un objectif qui le dépasse. Que Bilichi, perçu comme un méchant, défend sa cause. Et que même le roi, à l’origine de l’endoctrinement de Bakary, agit dans le cadre d’une justice qu’il croit juste » a-t-il déclaré.
L’animation, un choix stratégique et artistique
Face aux défis budgétaires et techniques de la reconstitution historique, Mahamet Koné a opté pour l’animation, un moyen d’expression libre et accessible. Le dessin numérique, l’animation image par image et la modélisation 3D lui ont permis de donner vie à cet univers mythique sans risquer d’anachronismes. « L’animation m’a offert une liberté totale, aussi bien dans la mise en scène que dans l’exploration des émotions des personnages.

« Plus qu’un simple conte animé, « Bilichi » s’impose comme un film engagé, traitant des influences néfastes qui poussent certains jeunes à prendre les armes sans véritable raison. Mahamet Koné souhaite éveiller les consciences en montrant que chaque protagoniste, même manipulé, agit selon une cause qu’il pense juste.
À travers ce récit, il met en lumière les mécanismes de l’endoctrinement et l’importance du dialogue pour bâtir une société apaisée. Un message particulièrement pertinent dans un contexte où l’Afrique est confrontée à des défis sécuritaires et identitaires majeurs.
Une première au FESPACO et un avenir prometteur
Sélectionné au FESPACO 2025, « Bilichi » marque les débuts d’un cinéaste passionné qui se forme en autodidacte. Pour Mahamet Koné, chaque difficulté technique ou artistique a été une opportunité d’apprentissage. »Je ne vois pas ces défis comme des obstacles, mais comme des occasions d’évoluer.
« Avec « Bilichi », Mahamet Koné espère toucher un large public et participer à l’essor de l’animation africaine, encore peu représentée dans l’industrie cinématographique du continent.
Grâce à sa sélection au FESPACO, « Bilichi » pourrait bien ouvrir la voie à de nouveaux talents dans le cinéma d’animation africain. Le public panafricain découvrira bientôt cette œuvre singulière qui interroge nos perceptions du bien et du mal, et prône la tolérance.
Rendez-vous du 22 février au 1ᵉʳ mars 2025 à Ouagadougou pour découvrir « Bilichi », un film qui s’annonce puissant et inoubliable.
Malick SANGARÉ
Journal du Cinéma et de la Télévision
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