Ouagadougou, FESPACO 2025 – Sur fond de tensions sécuritaires et de quête identitaire, Chloé-Aïcha Boro nous plonge, avec son dernier long métrage « les Invertueuses », dans un récit puissant et intime. Son film, en lice pour l’Étalon d’or de Yennenga, suit Natie, une adolescente burkinabè qui, en découvrant le destin brisé de sa grand-mère, tente de réécrire le sien. Une œuvre profondément féminine et engagée, qui soulève des questions universelles sur l’émancipation et la transmission.
Une réalisatrice primée et engagée
Chloé-Aïcha Boro n’est pas une inconnue du monde du cinéma. Ancienne journaliste, elle s’est imposée dans le paysage du documentaire avec des œuvres percutantes et récompensées. En 2019, elle décroche l’Étalon d’or documentaire au FESPACO avec Le Loup d’or de Balolé, un film poignant sur des travailleurs de granite à Ouagadougou. Son engagement cinématographique la mène ensuite à explorer des récits intimes et collectifs, à l’image de Al Djanat, plusieurs fois primé en 2024.
Aujourd’hui, elle s’attaque à la fiction avec une ambition : briser un plafond de verre historique. Depuis la création du FESPACO en 1969, aucune femme n’a jamais remporté l’Étalon d’or de Yennenga. Un constat qu’elle a rappelé avec émotion lors de la projection de son film, lançant un véritable cri du cœur : « Il est temps qu’une femme décroche cette récompense suprême ».
Un film à la croisée des chemins
Avec ce nouveau long métrage, Chloé-Aïcha Boro signe une œuvre d’une grande maturité. En plongeant dans l’histoire de Natie, elle met en lumière les dilemmes qui traversent des générations de femmes africaines, tiraillées entre traditions et aspirations personnelles. La montée de l’extrémisme, la quête de liberté et le poids des choix familiaux y sont abordés avec une profondeur rare.
Ce film porte en lui l’écho d’une lutte bien plus vaste : celle de la reconnaissance des femmes cinéastes en Afrique. Si son talent est indéniable, la réalisatrice devra affronter une compétition féroce pour décrocher la distinction suprême.
Malick SANGARÉ
Journal du Cinéma et de la Télévision
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