Dani Kouyaté : « La lutte est âpre, mais la victoire est certaine »

Le réalisateur burkinabé Dani Kouyaté a marqué les esprits avec son dernier film Katanga, qui a conquis le public et remporté l’Étalon d’or de Yennenga. Un retour triomphal pour le Burkina Faso, après plusieurs décennies d’attente. Dans un entretien exclusif, il revient sur la réception de son film, son processus de création et l’importance de l’appropriation culturelle dans le cinéma africain.

Une réception chaleureuse et une satisfaction immense

Lors de la projection de Katanga, l’enthousiasme du public était palpable. « C’est un immense plaisir de voir l’accueil réservé à ce film. Sentir cette rencontre entre le public et l’œuvre, c’est une grande satisfaction », confie Dani Kouyaté, visiblement ému. À la question de savoir quelle note il donnerait à son film, il répond en riant : « 12 sur 10 ! » Une marque d’affection et de fierté assumée pour un projet qui lui tient particulièrement à cœur.

Mais au-delà du succès populaire, Katanga s’est aussi imposé dans la compétition officielle. Si le cinéaste refuse de faire des pronostics, il rappelle une règle simple : « Quand on est dans une course, si on ne vise pas la première place, on ne court pas vraiment. » Et il a couru, avec la satisfaction d’avoir emporté l’adhésion du public.

Un cinéma qui interroge plutôt que de donner des réponses

Contrairement à certains cinéastes qui cherchent à délivrer des messages, Dani Kouyaté se définit avant tout comme un questionneur. « Je ne me considère pas comme un messager. Mon rôle, en tant qu’artiste, est de poser des questions, de mettre en lumière des problématiques et d’amener à la réflexion. »

Avec Katanga, il choisit le noir et blanc pour renforcer l’aspect fable de son récit. « Ce film est un conte. Le noir et blanc lui confère une dimension onirique, intemporelle, qui renforce son impact », explique-t-il.

Shakespeare revisité à l’africaine

Après Idrissa Ouedraogo, Dani Kouyaté s’attaque lui aussi à un monument de la littérature mondiale : William Shakespeare. Une démarche assumée et revendiquée. « Shakespeare est un auteur universel, dont les textes ont traversé les âges et les continents. L’Afrique aussi peut s’approprier ses œuvres et les adapter à sa réalité », insiste-t-il.

Et d’ajouter : « Si personne ne vous dit au départ que Katanga est inspiré de Shakespeare, vous pourriez penser que c’est une histoire purement africaine. » Une manière pour le réalisateur de rappeler que le cinéma africain a tout à fait sa place sur la scène internationale, et qu’il peut puiser aussi bien dans son propre patrimoine que dans celui des autres. « Hollywood vient puiser dans nos récits avec Le Roi Lion ou L’Enfant lion. Nous aussi, nous pouvons revisiter leurs grands textes et les plier à nos besoins. »

Une victoire dédiée au peuple burkinabé

L’Étalon d’or de Yennenga revient enfin au Burkina Faso, une consécration qui dépasse le simple cadre du cinéma. « Ce film a été réalisé dans un contexte de résilience. Je dédie ce prix au peuple burkinabé, un peuple fort et digne, qui mérite cette reconnaissance », déclare Dani Kouyaté.

Et aux jeunes cinéastes africains, il lance un message d’encouragement : « Il faut persévérer, ne jamais abandonner. La lutte est âpre, mais la victoire est certaine. Si vous avez une vision, croyez en elle et travaillez sans relâche. Rien n’est impossible. »

Malick SANGARÉ

Journal du Cinéma et de la Télévision

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